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Flik FLOOOK blog
1 mars 2006

De l'Ancien Français

Quelques heures de retard pour ce post... un amoureux qui arrive hier soir et un mal de gorge qui s'incruste à ce duo romantique... et puis, l'Ancien Français, ça fait plus de 500 ans qu'il attend ce post, alors il était pas à quelques heures près hein...

De l'Ancien Français ou de la difficulté de parler d'un truc à première vue pas folichon folichon...
Entreprise ardue...

Parler du latin m'aurait été beaucoup plus simple... Rien que pour la langue elle-même, ses sonorités à la fois mystérieuses et envoûtantes... L'Ancien Français est aux antipodes de tout cela : l'Ancien Français est une langue dure, rocailleuse, où chaque lettre se prononce, où le "r" se roule... Une langue nous portant tout de suite à imaginer les gueux se battant dans la boue avec une chemise qui gratte (j'aime bien les Monty Python)...
Même parler de la grammaire moderne m'aurait été plus facile, avec ses règles bien strictes au sein desquelles se nichent pourtant tant d'exceptions, étonnantes et déroutantes mais tellement intéressantes (et puis, c'est quand même la classe de les maîtriser). L'Ancien Français, quoi qu'en dise ma prof, c'est le bordel... Vous n'avez plus les 6 cas du latin mais un vague système à deux cas (cas sujet et cas régime) qui tend vers le système à cas unique (ou sans cas) du français moderne. Vous n'avez plus les déclinaisons du latin qui sonnent comme des ritournelles, ni celles, finalement, assez cadrées du français moderne (becherelle mon ami) mais des modes qui mêlent héritage latin et apport roman (conditionnel, je pense à toi), des verbes à plein plein de bases souvent totalement improbables (question de morphologie : le présent... cauchemard, hein BlanBlan)... Je réitère, l'Ancien Français, c'est le bordel...
Et le meilleur pour la fin : la phonétique. Evidemment, ce n'est pas de l'Ancien Français stricto sensu mais mon esprit perverti par l'agrégation tend à réfléchir selon les modalités du concours... Le phonétique ou l'ami des grands et des petits !  Imaginez : un samedi 9h, un amphi comateux mais bondé, un sujet d'ancien français : "Vous expliquez  le passage de Mercede [merkede] à Merci AF [mertsi], FM [meRsi]"... Bah vi tiens, d'où qu'elles sont passées toutes les lettres ? C'est une très bonne question, je ne vous remercie pas de me l'avoir posée. Et là, si vous maitrisez (mais je ne maitrise pas), vous voilà en train de parler de palatalisation, de spirantisation au VIe, de diphtongaison (au VIe toujours), de dépalatalisation (au VIIe cette fois), etc. etc... Vous passez un samedi matin de rêêêêêve...
Vous m'aurez comprise : l'Ancien Français, c'est du barbare en boîte !

Mais, si vous m'avez bien suivie, vous reconnaitrez (reconnaissons tous en coeur, yeah !) que l'Ancien Français, c'est passionnant... parce que c'est le bazar d'une langue en pleine mutation, le chaînon ultime qui relie le français moderne au latin (ou, plus rarement, au grec)....
Entre les larmes que vous versez sur de la morphologie, vous comprenez le pourquoi de la conjugaison de certains verbes un peu bizarres comme faire, pouvoir ou dire.... Noyé sous les fiches de vocabulaire, vous trouvez le sens de ce "l'" précédent le "on" quand on parle bien la France, ou l'explication de cette expression devenue obscure "avoir maille à partir", ... Plein de petits bonheurs comme ça, qui vous amènent à constater que la langue est un système logique, complexe mais compréhensible, malgré quelques petits "accidents" inexplicables (ou multi-explicables) qui font tout son charme...
L'Ancien Français ou l'éclairage par l'obscur (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué hein) !

Une prochaine fois, si le coeur m'en dit, je vous parlerais de la littérature déconcertante mais ô combien riche de cette époque...

Mais là, j'ai des fiches de syntaxe d'Ancien Français à me coltiner....

renartdet

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Commentaires
F
Pas assez juriste pour faire du droit pur, mais pas assez historien pour faire de l'histoire pure... mouais mouais mouais..<br /> ou comment se cacher derrière le titre "histoire du droit" alors qu'on est bien rattaché à une fac de droit...<br /> et pour se donner bonne contenance, on pervetit les petits avec des histoires de fesses! c'est du propre !;)
B
Histoire du droit, charmante demoiselle, histoire du droit !<br /> <br /> Moi je n'endors pas mes élèves avec des codes de commerce, je les passione avec des histoires de cul des princesses !<br /> On a sa fierté ;)
F
... quand on est en droit, je crois qu'il n'y a qu'une seule possibilité : se taire ;-p<br /> (de rien ceci dit ;))
B
...meme si vous n'etes QUE en lettres modernes et que vous vous pochtronez sans moi !<br /> Cela confirme l'idée générale que j'avais du mot :D.
F
je n'ai rien trouvé dans mes dictionnaires d'Ancien Francais en présence (faut dire que j'ai que le Greimas sous la main), mais je crois le souvenir que "aplégement" signifiait "requête"...<br /> Voilà l'étendue de mes lumières pour l'instant... mais peut-être seront-elles plus étendues quand je préparerai l'agrég de lettres classiques et non plus celle de lettres modernes ;).<br /> <br /> J'espère que votre cigüe fut bonne, pour ma part, les deux Kriek d'hier furent parfaites !
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