Et Dieu fit la femme...
Je suis allée chez Erika, et je réponds à la demande de PinkFairy....
Un samedi après-midi, 30mn de métro... une résidence, des codes... un appel pour trouver la bonne porte et me voilà dans l'antre de la création...
Il y de quoi s'énerver... la demoiselle est aussi charmante et jolie qu'elle est talentueuse, c'est attesté... en plus, elle est incroyablement sympathique... Et son chez-elle devient une vraie tentation de saint Antoine ! Entre deux bijoux de sacs, on parle... entre deux culottes, on parle... entre quinze mille sacs, on parle... J'ai vu des choooossses incroyablement jolies et rencontré une fille extrêmement gentille, le genre qui se met à renverser ses affaires pour que vous ne vous sentiez pas mal à l'aise d'avoir fait tomber un miroir (que je n'ai pas réussi à casser , je précise ;))... Ce qui devrait ressembler au sac de mes rêves est commandé... Attente et impatience...
J'ai rejoint Amourdoux (qui a dû me rappeler à l'ordre : "Ça durera combien de temps ? Rhoooo, pas longtemps... vers18h30 ça devrait être fini, 18h45au grand maximum..."... 19h15, il m'a appelée, nous venions juste de passer au sujet sac de mes rêves) avec ma petite bourse,ma culotte et mon soutif sous le bras, enfin plutôt dans un joli sac noir... Bizarrement, même s'il l'a trouvée très jolie, Amourdoux a plus complimenté le sac que la lingerie... Il m'étonnera toujours...
Bref je suis une fille comblée dans toute sa superficialité....
Et pour Bassianus qui doit en avoir marre de ces futilités de donzelles, un extrait de ma maîtrise sur "L'ivresse biblique dans le théâtre claudélien" que je me prends à relire :
"L'instabilité multiple de la figure féminine est encore renforcée par la dualité de la conception catholique. Cette nouvelle tension cependant se répercute plus sur le plan dramatique que sur la nature-même de la femme. En effet, la figure féminine n'est pas le lieu ou s'affrontent des forces contradictoires (telle Eve devant le serpent par exemple) mais se trouve plutôt dans un non-lieu, entre condamnation et célébration, ambivalence que connaît également le phénomène de l'ivresse. Rappelons-nous ces paroles de l'Ecclésiastique :
Aequavit in vita vinum hominibus si bibas illud moderate eris sobrius quae est vita quae minuitur vino (Si 31,27-28)
Ou encore dans la première épître de Pierre :
Sobrii estote, vigilate. Adversarius vester Diabolus tamquam leo rugiens circuit quarens quem devoret. (1P, 5, 8)
Nous sommes évidemment au coeur de la doctrine de la "sobre ébriété" énoncée par Philon d'Alexandrie : le vin apparaît comme un don de Dieu mais le diable n'en est jamais loin. En quelques mesures, cette doctrine reprend et radicalise la dualité de l'esthétique dionysiaque. Et nous trouvons dans la Bible le même rapprochement entre motifs vinaires et figure féminine :
Quid enim bonum ejus est et quid pulchrum eius nisi frumentum electorum et vinum germinans virgines (Za 9, 17)
Nous arrivons donc à une ambivalence fondamentale de la femme, être sacré mais potentielle pécheresse, ou vice-versa (figure de Marie-Madelaine). Ainsi quelle que soit la tradition dans laquelle s'inscrit Claudel, la figure féminine est toujours liée au vin et fondamentalement double. Bien plus, il semblerait que Claudel ne choisisse aucune de ces esthétiques, païenne ou catholique (ou tout au moins, si cette dernière a sa préférence, ne se démarque-t-il pas totalement de la première) et multiplie ainsi les dualités au sein de la femme : comme prise elle-même par l'ivresse, la femme voit ses différentes facettes se multiplier, inconciliables et pourtant coexistantes."
"Que craignez-vous de moi puisque je suis l'impossible ?
Avez-vous peur de moi ? Je suis l'impossible. Levez les yeux.
Et regardez-moi qui vous regarde avec mon visage pour que vous me regardiez !"
(Claudel, Partage de midi)