The story of the plus beau manteau du monde
Le plus beau manteau du monde de l'univers, c'est le mien...
Pas de doute possible.
Plus exactement, celui que mon Amourdoux d'amour a offert un beau après-midi d'hivers à la fille intéressée (évidemment) que je suis.
Amourdoux s'était mis en tête de m'acheter un pull noir à col roulé Zadig et Voltaire. Ça devait certainement remonter à la fois où, au début de notre relation, nous nous étions baladés dans le 6ème et que, devant la vitrine du Zadig et Voltaire en question, j'avais dit :"Quand je serai grande, je m'habillerai là-bas".
Quelques temps plus tard, A. m'a poussée à devenir un peu plus grande en me faisant rentrer dans la boutique et essayer un des fameux pulls. Autant le dire clairement, j'ai été : déçue. Joli, certes, mais loin d'être formidable. Loin de l'osmose parfaite entre ce bout de tissu et mon corps de sylphide que j'imaginais. A. était emballé (autant que peut l'être un homme devant un bout de tissu, tout en cashemire qu'il soit), moi beaucoup moins.
D'un commun accord, nous avons décidé d'abandonner l'idée du Zadig et Voltaire comme cadeau fabuleux.
Avec l'arrivée (ou plutôt l'arrivée de la fin) des soldes, Amourdoux m'a manifesté de nouveau sa volonté de m'offrir quelque chose de beau, pour moi, pour que je sois contente dans toute ma superficialité.
J'avais à l'époque un joli manteau Autre ton que j'aimais beaucoup mais qui connaissait une cohabitation avec lui-même de plus en plus problématique : la doublure avait définitivement décidé de se faire la malle, aucune négociation possible. Cela posait un sérieux problème à A. quand il décidait de me revêtir de mon manteau, à à peu près chaque sortie que nous faisions, en homme parfaitement galant qu'il est.
Deuxième accord commun : remplacer l'idée du Zadig et Volaire comme cadeau fabuleux en manteau comme cadeau fabuleux ET utile.
Ça tombait bien, la vieille, durant ma tournée de soldes (l'unique), j'avais vu qu'à Muji, il y avait de beaux manteaux...
Sachant qu'un manteau chez Muji vaut approximativement la même chose qu'un pull Zadig et Voltaire..
Le lendemain, mon Amourdoux me rejoint, toujours dans le 6ème (snobitude, quand tu nous tiens), pour cette entreprise mantesque... évidemment, devant Muji. Et là, déception : le manteau ne me va mais pas du tout. On dirait que j'ai piqué le loden de mon père... pas top du tout pour l'égérie de la classe que je suis censée devenir vite fait.
Je sors un peu dépitée, un peu gênée de l'avoir traîner là pour rien au final.
Réaction d'Amourdoux : "bon, Florence, on va arrêter avec tes magasins de n'importe quoi. Je prends les choses en main. Ça te dirait d'aller jeter un oeil chez Armani ?"
Florence a failli défaillir. Mais elle s'est reprise en déclarant, sur le ton d'une fille qui trouve tout à fait naturel de dépenser le prix d'un loyer (parisien) pour une paire de chaussettes : "J'aime pas trop Armani. On pourrait pas plutôt aller jeter un coup d'oeil à Agnès B., juste à côté ?"
Amourdoux, évidemment, me suit. Et moi, je pénètre dans la boutique avec une mine de pure composition, celle de la fille totalement à l'aise dans ce genre de boutique... essayant de gérer une certaine mauvaise conscience et un certain sens du ridicule... en gros, sous mon air de fille totalement libérée, j'étais aussi à l'aise qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, et l'image de l'éléphant arrive ici tout à propos. Deuxième composition :
- Alors, Florence, tu veux essayer quelque chose ?
- Oui, (ton faussement détaché), ce manteau là ne me semble pas mal.
Un joli manteau long, en laine, marron... évidemment très joli. Je le prends en 46, étant persuadée que je n'y passerai même pas le poignet. Et là, surprise ultime, le fait de pénétrer dans ce genre de boutique ne me fait pas prendre 4 tailles (ou autre interprétation : le 40 n'est pas taillé pour un mannequin anorexique). En 40 donc, le manteau me va bien.Amourdoux aime beaucoup aussi et me complimente sur mon coup d'oeil ("qu'est ce que tu crois Coco, la superficialité, ça se travaille ;)). Mais là, tout de même, mon éducation prend le dessus : je vais pas claquer le prix d'une semaine dégriffée en Tunisie (même si ce n'est pas mon argent) sans jeter un coup d'oeil autre part... Et puis, j'ai repéré une boutique que j'aime beaucoup également juste à côté. Amourdoux, bon bougre, me suit..
Nous entrons là :
Je ne parviendrai à expliquer le déroulement, toujours est-il que je me suis retrouvée en train s'essayer le manteau de ma vie du moment... c'est de l'ordre de l'ineffable tout ça (grossissement dramatique à peine honnête).
Amourdoux en est resté bouche bée (mais je mettrai plutôt ça sur le compte de la fatigue)
En très moche, qui ne rend pas du tout, sur un cintre, ça donne ça :
En très beau, sur moi, mais qu'on voit rien, ça donne ça :
En fille parfaitement vénale, j'ai embrassé mon Amoureux en sortant de la boutique....
Maintenant, j'ose même le mettre...
P.S. : vous aurez pu remarquer la présence de photos, ce qui présuppose l'arrivée d'un appareil photo... un autre événement dans ma vie... je ne dirai plus jamais de mal de RDC... jusqu'à temps que mon appareil tombe en panne ;).